A l’élevage…
Alice était une chèvre laitière. Rapidement séparée de sa mère, Alice n’a jamais connu la chaleur du réconfort maternel. Elle a grandi dans une stable, entourée d’autres chevreaux, nourrie par une machine. Une fois sevré et arrivée à l’âge de la maturité sexuelle, c’est-à-dire avant ses 1 an, Alice a du devenir maman. Elle a, comme toutes autres chèvres de l’élevage, mis bas. Ses petits, comme elle avant, lui ont été retirés. Sa vie d’exploitante a alors commencé. Deux fois par jour Alice devait sortir de sa stalle pour aller quelques mètres plus loin, à la traite. Des machines fixées à ses trayons lui pompaient le lait destiné à ses tendres bébés. Alice a mis bas plusieurs fois par an, pendant 3 ans et n’a jamais eu le bonheur de voir grandir ses bébés. Elle n’a pu que les entendre bêler.
L’après…
Après 3 ans de dur labeur, Alice n’est plus devenue assez rentable, elle a été mise de côté avant de partir dans le camion de la mort. Elle venait, seulement les dires de l’éleveur, de mettre bas.
Le 30 avril 2018, pour la première fois de sa vie, Alice a été chanceuse. Elle a croisé, par hasard, le chemin d’une jeune femme qui n’a pas pu se résoudre à la laisser mourir. Alice a été transportée jusque dans un pré, avec 3 autres chèvres. Pour la première fois depuis sa naissance, Alice avait les onglons dans de l’herbe. Elle pouvait se mouvoir librement. Alice était fatiguée de ces 3 années de vie ; son corps, pourtant encore très jeune, en était le témoin.
Le lendemain de son sauvetage Alice ne pouvait plus se lever. Elle avait le train arrière complètement bloqué. Elle a été emmenée chez le vétérinaire. A priori rien d’inquiétant, probablement les séquelles de sa vie passée. Anti-inflammatoire et antidouleur n’ont pas améliorés la situation. Nous avons donc décidé de faire appel à une ostéopathe animalière. Alice a été suivie pendant plusieurs semaines, à raison de 2 rendez-vous par semaine. Les séances lui faisaient un bien fou et elle commençait doucement à retrouver de la mobilité. Alice présentait aussi un abcès au genou que nous traitions quotidiennement.
La fin.
Cependant, l’espoir n’a été qu’éphémère. Un jour Alice s’est mise à hurler si fort qu’on l’a entendu de la maison. Nous avons accouru et là, stupeur ! Deux chevreaux morts gisaient à côté d’elle. L’éleveur nous avait donc menti, Alice ne venait pas de mettre bas. Ce mensonge a probablement fossé le diagnostic de départ, elle n’aurait pas été sous traitement si on avait envisagé qu’elle puisse être gestante et les choses auraient été faites différemment… Après ce triste épisode l’état d’Alice n’a fait que se dégrader. Nous avons fini par l’emmener à Maison-Alfort. Elle a été hospitalisée deux jours et voyant que son état se dégradé nous avons dû nous résoudre à la laisser partir. Nous avons été à ses côtés jusqu’à son dernier souffle. Une autopsie a été faite. Alice était atteinte d’Arthrite Encéphalique Caprine à Virus (CAEV) et d’une infection pulmonaire chronique. L’éleveur était forcément au courant, mais a préféré ne rien dire. Ses mensonges, mais aussi le manque d’hygiène et de soins procuré à l’élevage lui ont coûté la vie.
Cette association a été créée en son hommage, pour lui rendre justice et surtout pour que plus aucune chèvre ne vive ce qu’elle a vécu.
Nous avons fait tout notre possible pour lui donner une seconde chance, mais quand nous l’avons récupéré il était déjà trop. Elle aura eu la chance de connaitre l’amour avant de rejoindre le ciel.
Le 11 juillet 2018 Alice nous a quitté…